On croit souvent que Paris se résume à ses grands classiques. La Tour Eiffel, le Louvre, Montmartre… et c’est vrai, ces lieux font rêver. Mais à force de les voir partout, on en oublie qu’un autre Paris existe, plus discret, plus secret. Un Paris qu’on ne trouve ni dans les cartes postales ni dans les itinéraires guidés.
C’est ce Paris-là que vous allez rencontrer en montant sur la butte Bergeyre. Un petit sommet du 19ᵉ arrondissement, si discret qu’on passe devant sans savoir ce qu’il cache. Là-haut, une surprise vous attend : un jardin suspendu, une vue exceptionnelle et une atmosphère de village hors du temps.
Bienvenue au Jardin de la Butte Bergeyre. Ici, pas de foule, pas de bruit. Juste un carré de verdure, quelques vignes et une poignée d’habitants qui vivent à leur rythme. Vous êtes prêt ? Alors on grimpe.
Un jardin suspendu au-dessus de Paris
Il faut le chercher pour le trouver. Le Jardin de la Butte Bergeyre n’est pas annoncé, ni fléché. Il n’y a ni pancarte touristique ni grand portail ouvert. Pour y accéder, il faut grimper un escalier, contourner une rue, parfois demander son chemin. Mais c’est ce qui fait tout son charme : il se mérite.
Perché à une centaine de mètres d’altitude, le jardin est minuscule. À peine 150 m². Pourtant, il concentre une forme d’harmonie rare en ville. Chaque habitant y cultive un mètre carré de terre. Un potager, des herbes, parfois un peu de poésie plantée au milieu des salades. L’endroit fait partie du réseau “Main Verte” de la Ville de Paris, et on y sent l’engagement des gens du quartier.
En bordure du jardin, on aperçoit le Clos des Chaufourniers, une petite vigne plantée en 1995. Chardonnay, pinot noir, muscat… plus de 150 pieds alignés comme dans une carte postale provençale. Et au fond, la récompense ultime : la vue. Une perspective incroyable sur Montmartre et le Sacré-Cœur, baignée de lumière en fin d’après-midi. Peu d’endroits offrent un panorama aussi apaisant, aussi inattendu.

Un jardin suspendu au-dessus de Paris
Il faut le chercher pour le trouver. Le Jardin de la Butte Bergeyre n’est pas annoncé, ni fléché. Il n’y a ni pancarte touristique ni grand portail ouvert. Pour y accéder, il faut grimper un escalier, contourner une rue, parfois demander son chemin. Mais c’est ce qui fait tout son charme : il se mérite.
Perché à une centaine de mètres d’altitude, le jardin est minuscule. À peine 150 m². Pourtant, il concentre une forme d’harmonie rare en ville. Chaque habitant y cultive un mètre carré de terre. Un potager, des herbes, parfois un peu de poésie plantée au milieu des salades. L’endroit fait partie du réseau “Main Verte” de la Ville de Paris, et on y sent l’engagement des gens du quartier.
En bordure du jardin, on aperçoit le Clos des Chaufourniers, une petite vigne plantée en 1995. Chardonnay, pinot noir, muscat… plus de 150 pieds alignés comme dans une carte postale provençale. Et au fond, la récompense ultime : la vue. Une perspective incroyable sur Montmartre et le Sacré-Cœur, baignée de lumière en fin d’après-midi. Peu d’endroits offrent un panorama aussi apaisant, aussi inattendu.
Une butte méconnue au cœur du 19ᵉ
En regardant une carte de Paris, vous auriez du mal à deviner que cette butte existe. Coincée entre l’avenue Simon-Bolivar, la rue Manin et l’avenue Mathurin-Moreau, la butte Bergeyre échappe aux regards, protégée par son relief et sa discrétion. Ce micro-quartier forme une sorte de triangle invisible, presque suspendu au-dessus du parc des Buttes-Chaumont.
Là-haut, le contraste avec la ville est saisissant. Plus de circulation, pas de commerces, peu de passants. On y entend les feuilles bouger, les oiseaux chanter et les volets claquer. Il n’est pas rare d’y croiser un chat en liberté, ou un habitant qui vous salue simplement. Il règne ici une ambiance de village que même certains villages n’ont plus.
Pour y accéder, pas de route directe, pas de ligne de métro. Il faut grimper. Par la rue Michel-Tagrine à l’ouest (85 marches), par l’escalier de l’avenue Simon-Bolivar à l’est (75 marches, photographié par Willy Ronis), ou encore par un discret passage rue Manin. Une fois en haut, le décor change. Petites maisons, jardins clos, rues pavées… On se croirait dans un autre temps, loin de Paris. Et pourtant, vous êtes toujours dans le 19ᵉ.
Ce qui fait la beauté de la butte, c’est aussi ce sentiment d’isolement doux, comme si le monde d’en bas restait à distance. C’est un quartier sans façade, sans esbroufe. Un endroit qui ne se donne pas d’un coup d’œil, mais qui se découvre en marchant lentement, en ouvrant bien les yeux.
L’histoire peu connue de la butte Bergeyre
On pourrait croire que la butte Bergeyre a toujours été ce quartier paisible, un peu coupé du monde. Mais son passé est bien plus mouvementé. Avant les pavés tranquilles, les potagers et les vignes, la colline a connu des heures de bruit, de poussière et d’effervescence populaire. Elle a été tour à tour site industriel, terrain vague, parc d’attractions et stade géant. Une histoire à rebours de l’image qu’elle offre aujourd’hui.
De la pierre à bâtir aux terres en friche
Au XVIIᵉ siècle, la butte était couverte de moulins. Mais ce sont ses profondeurs qui intéressaient surtout les Parisiens : le gypse, cette roche essentielle à la fabrication du plâtre. Pendant des décennies, on y creuse sans relâche. Des carrières s’ouvrent, des fours à chaux s’activent, des ouvriers s’affairent. Ce coin de colline participe à bâtir Paris, tout simplement.
Puis, vers la fin du XIXᵉ siècle, l’exploitation cesse. Trop dangereuse, trop coûteuse. La butte est délaissée, redevenue sauvage. Elle reste à l’état de friche pendant près de quarante ans. C’est une zone grise, sans fonction précise, oubliée au cœur d’un Paris en mutation.
Un lieu de fête oublié
Au début des années 1900, un projet un peu fou voit le jour : et si cette colline, jusque-là abandonnée, devenait un lieu de loisirs pour les Parisiens ? C’est ainsi que naissent les “Folles Buttes”, un parc d’attractions éphémère comme Paris en raffolait à l’époque. On y installe des manèges, une maison hantée, une salle de bal. On y danse, on s’y amuse, on prend l’air loin de la poussière des boulevards.
Un cinéma de plein air y voit même le jour, dans une ambiance bon enfant. Ce fut une parenthèse brève, joyeuse, et un peu surréaliste. La butte, le temps de quelques saisons, s’est transformée en terrain de jeux populaire, avant de connaître une nouvelle mue — bien plus sportive, cette fois.
Le stade Bergeyre : un stade au sommet de la ville
Quand les manèges se sont tus, la butte Bergeyre a connu une transformation spectaculaire. Plus question de loisirs légers ou de flâneries dominicales. Cette fois, le sommet allait devenir un véritable temple du sport. Le projet est lancé par le Sporting Club de Vaugirard, qui rêve d’un terrain digne de ses ambitions. Il faudra quatre ans de travaux titanesques pour terrasser, stabiliser et sécuriser un sol creusé par des siècles d’exploitation.
Le 18 août 1918, le stade Robert Bergeyre est inauguré. Nommé en hommage à un jeune joueur de rugby mort au front en 1914, il peut accueillir jusqu’à 20 000 spectateurs. Rugby, athlétisme, grands événements populaires : la butte vibre à nouveau, mais cette fois au rythme des clameurs sportives.
Le sommet de Paris devient même un lieu olympique : en 1924, certaines épreuves des Jeux de Paris s’y déroulent. C’est l’apogée du lieu, son moment de gloire. Mais l’histoire est brève. Dès 1926, le stade est démoli. À sa place ? Un futur quartier résidentiel. Une page se tourne. La butte, une fois de plus, change de visage.
Une urbanisation atypique

Lorsque le stade disparaît en 1926, la butte Bergeyre devient un terrain à bâtir. Mais pas n’importe comment. Il faut composer avec un sol instable, creusé de galeries oubliées et de carrières anciennes. Les fondations doivent être renforcées, les hauteurs limitées. Impossible de construire ici de grands immeubles. Le nouveau quartier sera modeste… et c’est justement ce qui va faire tout son charme.
Les premiers lotissements apparaissent à la fin des années 1920. De petites rues naissent, des pavillons s’installent, quelques immeubles de faible hauteur complètent le décor. Le style architectural reflète l’époque : briques, meulière, Art déco, façades en béton ou en terre cuite. On sent une diversité, une liberté de ton, presque artisanale. Rien de standardisé, tout est à échelle humaine.
Cette contrainte technique donne naissance à un quartier résidentiel paisible, bien loin des grands ensembles du XXᵉ siècle. Le caractère de la butte Bergeyre, encore aujourd’hui, repose sur cette architecture discrète, singulière, et sur l’absence de densification massive. C’est un fragment préservé du Paris d’entre-deux-guerres, lové dans les hauteurs du 19ᵉ.
Un patrimoine vivant et participatif
Ce qui rend la butte Bergeyre si particulière, ce n’est pas seulement son architecture ou son silence. C’est aussi la manière dont ses habitants vivent ensemble, en lien avec leur environnement. Ici, tout semble à taille humaine, tissé de relations de voisinage, d’initiatives collectives et de gestes simples.
Le cœur battant de cette vie partagée, c’est le jardin collectif, niché discrètement au sommet. Géré selon la charte Main Verte de la Ville de Paris, il offre à chaque participant un petit mètre carré à cultiver. On y trouve des tomates, des fleurs, des herbes aromatiques… mais surtout, un espace de respiration, de partage, d’éducation à la terre. Des ruches y sont installées, des animations y sont organisées. Le lieu est vivant, au sens fort.
Juste à côté s’étend un vignoble inattendu : le Clos des Chaufourniers. Planté en 1995, il aligne 150 pieds de vigne sur environ 600 m². Chardonnay, pinot noir, muscat… Le raisin est récolté chaque année, avec soin. Une centaine de bouteilles en sont tirées, pour la beauté du geste, plus que pour la consommation. Le vignoble ne se visite pas, mais il se devine, et il intrigue.
Enfin, la vie de quartier est portée par l’Association des Habitants de la Butte Bergeyre (AHBB). Créée en 2000, elle anime la colline : fêtes, carnaval des enfants, gestion du jardin, événements culturels ou solidaires comme l’Utopicerie. Tout cela donne à la butte une saveur rare à Paris : celle d’un lieu habité, au sens plein du terme.
Un Paris loin des clichés
Il suffit de quelques minutes sur la butte Bergeyre pour oublier où l’on est. Il n’y a ni commerces, ni bruit de circulation, ni touristes avec des plans froissés. On n’y vient pas par hasard, et on n’y passe pas en courant. Ici, Paris s’efface, ou plutôt, se transforme. La ville devient village. Le rythme ralentit. L’espace s’ouvre.
C’est un quartier sans vitrines, sans foule, où le silence est une richesse. Les rues pavées ne mènent nulle part, elles serpentent entre les maisons comme si elles cherchaient à ne pas déranger. Les habitants s’y connaissent souvent. On s’y salue. Il n’est pas rare de croiser plus de chats que de voitures.
Bien sûr, cette tranquillité a un prix. La butte, autrefois abordable, est aujourd’hui convoitée. Les maisons s’y vendent cher, parfois au-delà de deux millions d’euros. Pourtant, la Ville de Paris veille à préserver une forme de mixité sociale, en préemptant certains bâtiments pour en faire du logement accessible. La diversité résiste, même si l’équilibre est fragile.
Mais qu’on soit locataire ou propriétaire, habitant ou simple promeneur, on ressent ici quelque chose d’unique. Et lorsque le soleil descend, que les toits se parent de rose, la vue sur Montmartre devient presque irréelle. À ce moment précis, on comprend : ce lieu n’a rien à prouver, il suffit à lui-même.
Pourquoi faut-il découvrir la butte Bergeyre ?
Parce qu’elle ne ressemble à rien d’autre à Paris. Parce qu’elle échappe aux circuits balisés, aux selfies en série et aux spots surfréquentés. Parce qu’en montant sur la butte Bergeyre, on change d’échelle, de rythme, de regard.
Vous y trouverez un jardin cultivé par ceux qui y vivent, une vigne confidentielle, un passé oublié, et des maisons qui racontent une autre époque. Vous y verrez le Sacré-Cœur depuis un angle que peu de gens connaissent. Et surtout, vous ressentirez ce calme si rare, cette impression d’avoir quitté la capitale sans en franchir les limites.
Prenez le temps de grimper, même si les escaliers sont un peu raides. Oubliez Google Maps. Laissez-vous porter par la curiosité. La butte Bergeyre ne se visite pas, elle se découvre, presque en secret.
Et si ce lieu vous touche, alors n’arrêtez pas là. Paris regorge d’autres buttes, d’autres coins cachés, d’autres histoires qui dorment derrière des grilles entrouvertes. La ville est un livre. La butte Bergeyre en est l’un des chapitres les plus discrets — et les plus beaux.
Bibliographie
– Un jour de plus à Paris, Petite histoire de la Butte Bergeyre, un village dans la ville, unjourdeplusaparis.com
– Les Pépites de France, Butte Bergeyre | Un village secret au cœur de Paris, lespepitesdefrance.com
– SityTrail, Découverte Butte Bergeyre à Paris, sitytrail.com
– Moovit, Comment aller à Butte Bergeyre à Paris en métro, bus, train ou RER ?, moovitapp.com
– Paris Je t’aime – Office de Tourisme, Butte Bergeyre – Lieux touristiques, parisjetaime.com
– Association des Habitants de la Butte Bergeyre, Histoire de la Butte, habitants-butte-bergeyre.fr
– RetroNews – BnF, La butte Bergeyre : histoire de l’autre butte Chaumont, retronews.fr
– Paris Promeneurs, Butte Bergeyre rue Georges Lardennois Paris 19, paris-promeneurs.com
– Paris ZigZag, La butte la plus secrète de Paris, pariszigzag.fr