Vous cherchez un lieu hors du commun dans le 19e arrondissement ? La Halle aux Cuirs, posée entre les eaux tranquilles du canal de l’Ourcq et les friches industrielles réinventées, est un spot à ne pas manquer. Cet ancien entrepôt dédié au cuir a troqué ses peaux brutes contre des pirouettes et des performances. Aujourd’hui, c’est un repaire pour les danseurs urbains, les circassiens et les rêveurs en quête de lieux atypiques.
Ici, on ne vient pas juste pour regarder. On vient ressentir. L’atmosphère du lieu mélange béton, silence, échos de pas et envolées artistiques. Un lieu discret, mais vibrant, qui incarne mieux que beaucoup l’esprit de Paris en mutation : entre passé ouvrier et futur créatif.
Un ancien bâtiment industriel niché le long du canal de l’Ourcq
En vous baladant le long du canal de l’Ourcq, vous tomberez peut-être dessus par hasard. La Halle aux Cuirs ne crie pas son nom. Elle se fond dans le décor, avec sa façade brute et son allure de hangar silencieux. Pourtant, derrière ses murs se cache une histoire industrielle dense, marquée par le travail des hommes et l’odeur des peaux fraîchement tannées.
Construite au début des années 60, la halle servait à entreposer et traiter les peaux issues des abattoirs tout proches de La Villette. Oui, Paris a eu son quartier des viandes, et c’est ici qu’une bonne partie du cuir de la capitale passait entre des mains expertes. Le bâtiment, stratégiquement posé au bord du canal, utilisait les péniches pour faire circuler la marchandise. À l’époque, on appelait ça les « flûtes d’Ourcq » – ces longs bateaux qui transportaient jusqu’à un million de tonnes de biens par an.
Mais les temps changent. En 1974, les abattoirs ferment leurs portes. Le cuir se fait rare, le bâtiment se vide. Et la Halle aux Cuirs, comme beaucoup d’infrastructures industrielles, tombe en sommeil.
Ce sommeil, pourtant, ne sera pas éternel. Car la ville va, petit à petit, poser sur elle un regard neuf. Ce lieu austère va devenir un terrain de jeu pour artistes.
Quand le cuir cède la place à la culture : une métamorphose unique
Il y a des bâtiments qu’on détruit. Et d’autres qu’on transforme. La Halle aux Cuirs fait partie de ces rares survivants qu’on a su réinventer sans trahir leur âme. Fin des années 80, alors que le Parc de la Villette prend forme sous la houlette de Bernard Tschumi, on décide de garder cette grande carcasse de béton. Pourquoi ? Parce qu’elle raconte une histoire. Et parce qu’elle peut en accueillir de nouvelles.
👉 Un lieu, trois vies :
- Industrielle, dans les années 60, avec le traitement des peaux
- Abandonnée, dans les années 70, après la fermeture des abattoirs
- Culturelle, dès la fin des années 80, avec l’arrivée d’artistes en résidence
Les premiers à investir les lieux ? Des compagnies de cirque et des collectifs de danse contemporaine. Puis viendront les arts de rue, les musiques urbaines, les performances hybrides. Petit à petit, l’intérieur s’équipe : sols souples, éclairages de scène, loges, studios de répétition… La Halle devient un vrai cocon pour la création alternative, loin des grandes institutions figées.
🧭 À retenir
La Halle aux Cuirs fait partie de l’Établissement public du parc de la Villette (EPPGHV) mais conserve une certaine indépendance. On y expérimente, on y teste, on y vit autrement la culture.
Ce qui frappe, quand on entre, c’est ce mélange de brut et de vivant. Le béton n’a pas bougé, mais il vibre maintenant au rythme des corps en mouvement. C’est un peu comme si les murs, eux aussi, avaient appris à danser.
Danse, cirque et arts de rue : un laboratoire de création au cœur de La Villette
Ici, pas de rideau rouge ni de fauteuils en velours. À la Halle aux Cuirs, la scène est un terrain d’entraînement, un lieu d’essai, un laboratoire vivant. Depuis les années 90, l’endroit s’est imposé comme un repaire pour les cultures urbaines. On y croise des danseurs de hip-hop, des circassiens en équilibre sur une corde, des metteurs en scène qui mêlent vidéo, rap et théâtre physique.
Mais s’il y a un mot-clé à retenir, c’est résidence artistique. Ce n’est pas un lieu de passage. C’est un espace où les artistes peuvent s’installer, créer, répéter, affiner leur art, puis parfois présenter leur travail en sortie publique.
👉 Ce que propose la Halle aux Cuirs aux artistes :
- Deux studios de répétition équipés (plancher bois, grill lumière, gradins modulables)
- Un accompagnement professionnel via le programme IADU
- Des loges, bureaux, cuisines, espaces de vie
- Un accès à d’autres lieux du parc pour montrer leurs créations
Le programme IADU (Initiatives d’Artistes en Danses Urbaines) est d’ailleurs unique en France. Il soutient chaque année une vingtaine de compagnies émergentes, issues de la danse hip-hop ou contemporaine, venues de toute la France et même de l’étranger.
💡 Le saviez-vous ?
Certains artistes passés par la Halle aux Cuirs ont ensuite rayonné à l’international, tout en gardant un pied à Paris. La Halle agit comme un tremplin discret mais puissant pour les talents de demain.
Ce mélange d’énergie brute, de liberté créative et de soutien technique donne à la Halle une ambiance très particulière. On s’y sent à la fois protégé et challengé. C’est un lieu qui fait grandir, qui pousse à inventer.
Un bâtiment engagé dans la transition urbaine du Nord-Est parisien
La Halle aux Cuirs ne vit pas seule dans son coin. Elle fait partie d’un écosystème plus vaste, en pleine mutation : celui de la Plaine de l’Ourcq, un ancien couloir industriel aujourd’hui reconverti en territoire de culture, d’écologie et de mixité urbaine. Le long du canal, les entrepôts se transforment, les usines deviennent des tiers-lieux, et les friches renaissent en espaces verts.
La reconversion de la Halle n’est donc pas un hasard. Elle s’inscrit dans une vision plus large de la ville : préserver le patrimoine sans le figer, lui donner une nouvelle vie en phase avec les usages d’aujourd’hui.
👉 Ce qui change autour de la Halle aux Cuirs :
- Les berges du canal transformées en promenade végétalisée
- Des pistes cyclables continues jusqu’au bassin de la Villette
- La création de nouveaux quartiers mixtes (ZAC du Port de Pantin, Rives de l’Ourcq…)
- L’ouverture de lieux culturels voisins comme le Centquatre-Paris, Villette Makerz, ou la Maison des Réseaux Artistiques
🌱 Regard sur demain
À mesure que la ville densifie l’est parisien, la Halle aux Cuirs devient un repère, un point d’ancrage. Son rôle ? Servir de pont entre passé industriel et futur créatif, entre habitat, culture et mobilité douce.
Ici, on construit la ville autrement, à l’échelle humaine. Et la Halle, avec son allure brute et son cœur artistique, agit comme une vigie au bord du canal. Un phare pour une autre façon de penser la culture et la ville.
Pourquoi visiter la Halle aux Cuirs aujourd’hui ?
Parce que c’est un lieu qui ne ressemble à aucun autre. Ni musée, ni salle de spectacle classique, la Halle aux Cuirs est un espace vivant, mouvant, surprenant. On y vient pour l’ambiance, pour flâner, pour voir les artistes à l’œuvre ou pour tomber par hasard sur une performance en plein montage.
Ce n’est pas un endroit où l’on consomme la culture. C’est un endroit où on la respire.
👉 Ce que vous pouvez y vivre :
- Assister à une sortie de résidence gratuite, parfois en petit comité
- Découvrir les coulisses de la création d’un spectacle de danse ou de cirque
- Participer à un atelier, un temps d’échange, ou une expérimentation collective
- Profiter de la promenade le long du canal avant ou après votre visite
Vous aimez les lieux qui sortent du cadre, où tout n’est pas parfaitement balisé ? Alors vous serez dans votre élément. C’est un peu comme tomber sur une pépite au détour d’un quai.
Astuce
Allez-y un après-midi de semaine. Le lieu est plus calme, les portes parfois entrouvertes. On entend la musique, les voix, les pas sur le sol. On devine ce qui se prépare. C’est une immersion douce dans la fabrique secrète du spectacle vivant.
Et puis, il y a ce décor unique : l’ancien, le brut, le vivant. Des bâtiments comme celui-là, Paris n’en a plus tant que ça. Alors autant en profiter tant qu’il vibre encore.
Infos pratiques pour découvrir la Halle aux Cuirs
Vous avez envie de pousser la porte de ce lieu insolite ? Voici tout ce qu’il faut savoir pour organiser votre visite sans vous perdre dans les méandres du parc de La Villette.
👉 Adresse exacte :
Halle aux Cuirs – Rue de la Clôture, 75019 Paris
Entrée côté canal, entre la Cité des Sciences et la Porte de Pantin.
👉 Comment y aller :
- Tramway T3b : arrêt Ella Fitzgerald
- Métro ligne 5 : Porte de Pantin
- Bus 75, 151, 170 : accès via Porte de la Villette
- À vélo ou à pied : par la piste cyclable du canal de l’Ourcq
- Accessible aux personnes à mobilité réduite
👉 À savoir :
- Le lieu n’est pas toujours ouvert au public en continu
- Certaines performances ou résidences proposent des sorties publiques gratuites ou à prix libre
- Il est possible de visiter les abords même sans événement, juste pour l’ambiance
Bibliographie
- Seine-Saint-Denis Tourisme – Présentation de la Halle aux Cuirs et de sa reconversion culturelle :
tourisme93.com/document.php?pagendx=317 - Le Renard Parisien – Articles consacrés à l’histoire et aux usages de la Halle aux Cuirs :
jmrenard.wordpress.com/tag/halle-aux-cuirs - Wikipédia – Informations historiques sur le canal de l’Ourcq :
fr.wikipedia.org/wiki/Canal_de_l%27Ourcq - IADU (Initiatives d’Artistes en Danses Urbaines) – Détail des espaces et programmes de résidence à la Halle :
iadu.fr/visite-dans-la-halle-aux-cuirs
iadu.fr/retour-en-images-sur-les-residences - Explore Paris – Croisières et visites guidées autour du canal et du patrimoine industriel :
exploreparis.com/fr/3170-croisiere-histoire-et-transformations-du-canal-de-l-ourcq.html - Baby-Boomer – Témoignage sur l’histoire méconnue des halles industrielles parisiennes :
baby-boomer.jimdofree.com/cuir/1963-introuvable-halle-aux-cuirs - Ville de Paris – Programme de transformation du 19e arrondissement et de la Plaine de l’Ourcq :
paris.fr/pages/paris-se-transforme-ce-qui-change-dans-le-19e-arrondissement-23938 - La Villette – Présentation des équipements culturels du parc dont la Halle aux Cuirs :
lavillette.com/wp-content/uploads/2021/09/Bienvenue-a-La-Villette.pdf