Villa Léandre : Paris XVIII

La Villa Léandre : une impasse secrète au charme anglais dans Montmartre

Vous pensez connaître Montmartre ? Attendez de découvrir la Villa Léandre. Nichée à l’écart du tumulte, cette petite impasse pavée cache l’un des endroits les plus insolites de Paris. Avec son ambiance so british, ses maisons fleuries et son silence surprenant, elle offre un véritable dépaysement… à deux pas du Sacré-Cœur. Suivez-moi, je vous emmène dans le Montmartre que peu de gens voient.

Une rue insolite à Montmartre, loin du Paris touristique

Montmartre, on croit le connaître par cœur. Le Sacré-Cœur, les escaliers, les caricaturistes… Et pourtant, il reste des lieux qui échappent à la foule. La Villa Léandre en fait partie.

Cette petite impasse discrète, longue de seulement 69 mètres, se trouve au 23 ter avenue Junot, dans le 18ᵉ arrondissement. Elle ne mène nulle part… et c’est justement ce qui la rend précieuse.

📍 La Villa Léandre, c’est :
– Une voie pavée, large de moins de 7 mètres
– Un alignement de maisons de style anglais
– Une ambiance feutrée, sans commerces ni passage
– Une bulle de calme à deux pas du tumulte montmartrois

Ce qui frappe, c’est le décalage. On quitte l’agitation touristique pour entrer dans une rue où chaque détail semble pensé pour apaiser :

  • Façades en briques rouges
  • Petits jardins soigneusement entretenus
  • Bow-windows, toitures en ardoise et clôtures basses
  • Une végétation discrète mais présente, comme une haie protectrice

On y marche lentement, presque sans oser parler. C’est le genre d’endroit qu’on garde pour soi, qu’on montre à une seule personne à la fois. Paris y prend des airs de village anglais. Et Montmartre devient, l’espace d’un instant, un monde parallèle.

L’histoire méconnue de la Villa Léandre à Paris

Couple visitant la villa Léandre

Avant de devenir l’un des recoins les plus élégants de Montmartre, la Villa Léandre a poussé sur un sol de bric et de broc. Littéralement. Car à l’aube du XXᵉ siècle, cet endroit ne respirait pas encore le calme feutré… mais plutôt la débrouille.

🏚️ Le maquis de Montmartre
Ce surnom désignait un vaste bidonville situé entre les rues Lepic et Caulaincourt.
On y trouvait :
– Des cabanes en bois construites à la va-vite
– Des sentiers envahis par la végétation
– Une population pauvre et marginalisée
– Des artistes bohèmes, des ouvriers sans emploi, des familles oubliées

C’était un Paris parallèle. Un monde à l’écart, où la misère côtoyait la poésie du quotidien. Une forme de liberté, brute, sans encadrement. Mais le maquis dérangeait. Alors, petit à petit, la ville a repris la main.

📍 Une transformation urbaine radicale
1909 : ouverture de l’avenue Junot, première percée « bourgeoise »
1926 : création d’une impasse résidentielle, baptisée Villa Junot
1936 : elle devient officiellement la Villa Léandre, en hommage à un artiste local

Ce changement ne s’est pas fait en un jour. Mais en quelques décennies, ce bout de colline sauvage a cédé la place à une impasse pavée, bordée de maisons coquettes. Un contraste fort, presque irréel, qui donne à la Villa Léandre tout son mystère.

Qui était Charles Léandre, le nom derrière la villa ?

Charles Léandre, ce n’est pas un promoteur immobilier ni un riche bienfaiteur. C’est un artiste. Un vrai de vrai. Un Montmartrois d’adoption, comme beaucoup l’étaient à l’époque : un peu bohème, un peu mordant, très libre.

Né en 1862 dans l’Orne, il monte à Paris à l’âge de 16 ans et trouve rapidement ses repères dans le monde de l’illustration. On le retrouve dans les pages de La Vie Parisienne, Le Rire ou encore Le Chat Noir, le mythique cabaret de la butte. Son style ? Satirique, fin, toujours drôle. Il croque les bourgeois, les politiques, les Parisiens, avec une justesse qui fait mouche.

Léandre a vécu rue Caulaincourt, à deux pas de l’actuelle villa qui porte son nom. Il y est resté jusqu’à sa mort, en 1934. Deux ans plus tard, la ville rebaptise cette rue tranquille en son honneur. C’est discret, sans monument ni grande plaque dorée, mais c’est élégant. À l’image de l’homme.

Une architecture anglo-normande unique à Paris

Quand on entre dans la Villa Léandre, le premier réflexe, c’est de se demander : suis-je toujours à Paris ? Et cette impression ne vient pas seulement du calme, mais surtout de l’architecture. Ici, pas d’immeubles haussmanniens, pas de façades en pierre de taille. À la place : des maisons à bow-windows, des toits d’ardoise, des briques rouges et des petits jardins à l’anglaise.

Ce style si particulier, on le doit à Louis Vuldy, architecte et promoteur montmartrois des années 1920. C’est lui qui imagine l’ensemble, dans un esprit très british, tout en y glissant des touches d’Art nouveau : grilles travaillées, ferronneries en spirale, céramiques discrètes. Un savant mélange qui donne à la rue une personnalité unique, presque théâtrale, sans jamais être tape-à-l’œil.

Côté pair, ce sont les maisons mitoyennes qui dominent, toutes différentes mais harmonieuses. Côté impair, quelques petits immeubles de trois étages s’élèvent avec modestie. Tout semble fait pour protéger le regard, préserver l’intimité, comme si l’architecture elle-même voulait garder le secret.

C’est sans doute pour cela qu’on a toujours l’impression de traverser un décor. Mais ici, tout est vrai. On y vit, on y dort, on y arrose ses fleurs. La mise en scène est permanente, mais naturelle.

Résidents célèbres et anecdotes insolites

La Villa Léandre n’est pas qu’un décor charmant, c’est aussi un bout d’histoire habité. Et parfois, ce sont ceux qui y ont vécu qui en révèlent le plus.

Parmi les résidents notables, on retrouve Roger Vailland, écrivain et prix Goncourt, qui vécut au n°8 bis. Plus étonnant encore, Michel Piccoli aurait acquis une maison pour Juliette Gréco, sans que la chanteuse n’y habite jamais. Elle préférait, dit-on, rester rive gauche, fidèle à son Saint-Germain-des-Prés. L’acteur Richard Berry, le comédien Jacques Jouanneau, ou encore Olivier Sitruk ont aussi posé leurs valises ici. Et même Tristan Tzara, figure du dadaïsme, au n°15.

Mais l’une des curiosités les plus connues reste sans doute celle du n°10. Sur la façade, une plaque affiche : 10 Downing Street. Un clin d’œil british, drôle et assumé. Le genre de détail qui donne tout son sel au lieu, entre auto-dérision et charme discret.

Avec son air de village parfait et ses clins d’œil cachés, la Villa Léandre séduit aussi les réalisateurs. Films, séries, clips : elle sert régulièrement de décor, sans jamais voler la vedette. Elle pose, tranquillement, fidèle à elle-même.

Pourquoi visiter la Villa Léandre lors d’une balade à Paris ?

Parce que c’est le genre d’endroit qu’on ne trouve que si on le cherche. Et qu’une fois qu’on l’a trouvé, on n’a plus envie d’en repartir. La Villa Léandre, c’est Paris quand il se fait discret. Montmartre sans le bruit. L’élégance sans l’ostentation.

Ce lieu ne vous racontera pas grand-chose si vous passez trop vite. Mais si vous prenez le temps de lever les yeux, de remarquer une grille en fer forgé, une céramique en façade, une plaque ironique… alors il se passe quelque chose. Un moment suspendu, comme si le quartier vous soufflait : “Garde ça pour toi.”

Visiter la Villa Léandre, ce n’est pas cocher une case sur un guide. C’est s’autoriser à voir Paris autrement. À ralentir. À sortir du flux. C’est ce genre d’adresse que l’on retient, pas pour ce qu’elle montre, mais pour ce qu’elle fait ressentir.

Alors la prochaine fois que vous flânez dans Montmartre, prenez ce petit détour. Vous verrez, il change tout.

Infos pratiques : comment accéder à la Villa Léandre ?

📍 Adresse
23 ter avenue Junot, 75018 Paris
La Villa Léandre est une impasse fermée au fond, située dans le quartier des Grandes-Carrières, à deux pas du square Suzanne-Buisson.

🚇 Métro
Lamarck-Caulaincourt (ligne 12) – 3 à 4 minutes à pied
Abbesses (ligne 12) – à 8 minutes à pied via les escaliers
Place Clichy ou Pigalle pour une arrivée plus basse, à combiner avec une balade montante

🚌 Bus
– Lignes 80, 95, 31, 54
– Arrêts proches : Moulin de la Galette, Square Caulaincourt

🚶‍♂️ Accès piéton
– Par l’avenue Junot (entrée principale)
– Un petit escalier privé au fond de la villa descend vers la rue Caulaincourt

⏱️ Temps de visite conseillé
– 10 à 20 minutes pour la promenade
– À combiner avec une balade dans Montmartre : square Suzanne-Buisson, allée des Brouillards, avenue Junot…

Bibliographie

Montmartre Addict : « Villa Léandre », un article détaillé sur l’ambiance bucolique et l’histoire de cette impasse emblématique de Montmartre
→ montmartre-addict.com/article/villa-leandre

Paris Promeneurs : Analyse architecturale de la rue, entre styles anglo-normand et charme montmartrois
→ paris-promeneurs.com/la-villa-leandre-paris-18

Paris ZigZag : Plusieurs articles sur le passé du quartier, le maquis de Montmartre et les curiosités cachées de la butte
→ pariszigzag.fr/insolite/histoire
→ pariszigzag.fr/insolite/lieux-insolites

Rewind Stories : Présentation immersive de la Villa Léandre, son atmosphère, ses secrets et son fort potentiel « instagrammable »
→ rewindstories.com/fr/tout-savoir-villa-leandre

Parallèles Potentiels & Urbanités : Témoignage personnel et impressions subjectives sur la Villa Léandre, avec anecdotes
→ christopheriedel.wordpress.com/2020/12/22/souvenirs-villa-leandre

Collège Charles Léandre (site éducatif) : Biographie synthétique de l’artiste dont la villa porte le nom
→ charles-leandre.college.ac-normandie.fr

Musée du Grand Siècle : Dossier sur l’œuvre et la carrière de Charles Léandre
→ museedugrandsiecle.hauts-de-seine.fr/loeuvre-du-mois-charles-leandre

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