Place Édouard VII : un îlot Belle Époque au cœur de Paris

Place Edouard VII à Paris sous une lumière douce

Entre la Madeleine et l’Opéra Garnier, la place Édouard VII est un havre discret du 9ᵉ arrondissement. Peu connue des visiteurs pressés, elle dégage une atmosphère à part : élégante, feutrée et typiquement parisienne.

Ici, les galeries couvertes, les façades haussmanniennes et les terrasses en bois rappellent un Paris raffiné, celui de la Belle Époque. Ce lieu singulier mêle aujourd’hui patrimoine, culture et art de vivre.

Une création dans la lignée des grands travaux d’Haussmann

Place Edouard VII, Paris

La place Édouard VII a vu le jour entre 1911 et 1913, dans la continuité des grands réaménagements urbains impulsés par le baron Haussmann. Le projet fut confié à Henri-Paul Nénot (1853-1934), architecte renommé de la Nouvelle Sorbonne et du Palais de la Société des Nations à Genève.

Le terrain, situé entre le boulevard des Capucines et la rue Boudreau, était alors occupé par deux compagnies de fiacres : la Maison Brion et la Compagnie des Petites Voitures, avec leurs écuries et remises.

La transformation du site débute en janvier 1911. Les démolitions s’enchaînent, laissant place à un ambitieux projet immobilier estimé à 30 millions de francs. En 1912, la nouvelle place reçoit officiellement le nom d’Édouard VII, en hommage au roi britannique disparu deux ans plus tôt.

Dès son inauguration, la place Édouard VII s’impose comme un modèle d’urbanisme moderne. Le quotidien Comœdia écrivait en 1913 que cette réalisation méritait « d’être citée à la suite de la place Vendôme et de la place des Vosges » pour son unité et son élégance.

Une architecture typiquement parisienne

Vue en contre-plongée des immeubles de la place Edouard VII à Paris

Ce qui frappe le promeneur, c’est la cohérence architecturale de la place. L’ensemble a été conçu comme un îlot fermé, structuré autour d’un axe central où trône la statue d’Édouard VII.

Les immeubles, de style haussmannien tardif, sont rythmés par des galeries couvertes inspirées de celles de la rue de Rivoli, mais plus aérées et lumineuses.

Les façades en pierre blonde, les balcons filants et les ferronneries soignées forment un décor d’une élégance rare. Au rez-de-chaussée, des arcades abritent aujourd’hui des boutiques et des restaurants, tandis que les étages supérieurs accueillent des bureaux et quelques appartements.

La place offre un exemple parfait de cette transition entre urbanisme haussmannien et modernité du XXᵉ siècle.

Une renaissance au tournant des années 1990

Au fil du temps, le quartier de la place Edouard VII s’est progressivement endormi. Après la 2nde guerre mondiale, la circulation automobile a rapidement grignoté les trottoirs et fait fuir les passants.

Il faut attendre les années 1990 pour que l’îlot Édouard VII retrouve sa splendeur d’origine. La ville engage alors une vaste opération de réhabilitation : les rues deviennent piétonnes, les façades sont restaurées et les arcades retrouvent leurs devantures en bois sculpté.

L’idée ? Recréer un lieu de vie à part, entre élégance d’autrefois et dynamisme contemporain. Les terrasses s’installent, les passants reviennent et le quartier se transforme en passage secret reliant le boulevard des Capucines à la rue Boudreau.
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La statue équestre du roi Édouard VII

Au centre de la place, une imposante statue équestre en bronze attire immédiatement le regard. Elle représente Édouard VII, roi d’Angleterre de 1901 à 1910, surnommé le Pacificateur pour son rôle dans le rapprochement franco-britannique, notamment via l’Entente cordiale de 1904.

Cette œuvre est signée du sculpteur Paul Landowski, connu pour avoir également réalisé le Christ Rédempteur de Rio de Janeiro. La statue fut fondue par Rudier et inaugurée le 26 janvier 1914, en présence d’un public nombreux.

Édouard VII, souvent qualifié de « plus parisien des Anglais », fréquentait assidûment les salons et les théâtres de la capitale, notamment dans le quartier de l’Opéra.

Le Théâtre Édouard VII : cœur vivant de la place

Salle de spectacle du théâtre Edouard VII

Impossible d’évoquer la place Édourad VII sans parler de son théâtre, véritable cœur battant du lieu. Construit en 1913 par l’architecte anglais William Sprague, le bâtiment fut d’abord un cinéma, avant de devenir salle de théâtre dès 1916.

C’est ici qu’en 1920, Sacha Guitry crée Je t’aime, déclarant son amour à Yvonne Printemps sur scène. Pendant une décennie, il enchaîne les succès : Le Comédien, Mozart, Désiré, Mariette. La salle devient alors un haut lieu du théâtre parisien, fréquenté par tout le gratin de l’époque.

Avec près de 720 places, le théâtre reste l’un des plus prestigieux de Paris. Il a accueilli aussi bien des pièces de Feydeau, Tennessee Williams, Beckett que des créations contemporaines.

Une place à vivre plus qu’à visiter

Au-delà de son histoire, la place Édouard VII séduit par son ambiance.

Les terrasses des cafés se remplissent dès le printemps, sous les galeries couvertes où résonne parfois un piano. Le théâtre attire un public varié, les restaurants proposent une cuisine élégante sans prétention, et le lieu devient le décor idéal pour une pause ensoleillée entre deux visites.

Ce petit îlot, presque secret, offre une respiration inattendue à deux pas de l’agitation des grands boulevards. En levant les yeux, on remarque la finesse des ferronneries, les mascarons sculptés, et la perspective harmonieuse qui mène jusqu’à la statue du roi.

Tout concourt à faire de la place Édouard VII un symbole discret de l’art de vivre parisien, entre patrimoine et douceur de vivre.


Accès et situation

📍 Adresse : Place Édouard VII, 75009 Paris
🚇 Métro : Opéra (lignes 3, 7, 8) / Madeleine (lignes 8, 12, 14)
🚶 Accès : Entre le boulevard des Capucines et la rue Boudreau
À faire : admirer la statue d’Édouard VII, boire un café en terrasse, assister à une pièce au Théâtre Édouard VII.

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